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par Lorne Bailey <sherm_pbody(at)yahoo.com> L´auteur: Lorne vit à Chicago et travaille comme consultant spécialisé dans les transferts de données entre bases Oracle. Comme il a choisi de programmer en environnement Unix exclusivement, Lorne a pu ainsi éviter "l'enfer des DLL". Il travaille actuellement à sa maîtrise en informatique. Traduit en Français par: Georges Tarbouriech <georges.t(at)linuxfocus.org> Sommaire: |
Résumé:
Cet article implique que vous possédiez les bases du langage C et vous montrera
comment utiliser le compilateur gcc. Nous vérifierons que vous puissiez invoquer
le compilateur depuis la ligne de commande pour du simple code source C. Nous
verrons ensuite ce qui se passe réellement et comment vous pouvez contrôler la
compilation de vos programmes. Nous survolerons également l'utilisation d'un
débogueur.
Pouvez-vous imaginer la compilation de logiciel Libre avec un compilateur
propriétaire dont vous ne possédez pas les sources ? Comment pourriez-vous
savoir ce qui entre dans votre exécutable ? Il pourrait contenir tous les types
de "back door" ou de chevaux de Troie. Ken Thompson, dans l'un des plus gros
"coups" de l'histoire, avait écrit un compilateur qui introduisait un "back
door" dans le programme de "login" et perpétuait le cheval de Troie quand le
compilateur réalisait qu'il se compilait lui-même. Lisez sa description de ce
grand classique ici.
Par chance, nous avons gcc.
Chaque fois que vous tapez configure; make; make install
,
gcc fait un gros ménage qui ne se voit pas.
Comment allons-nous faire travailler gcc ?
Nous allons commencer à écrire un jeu de cartes, mais nous n'écrirons que ce qui
est nécessaire à la démonstration des fonctionnalités du compilateur.
Comme nous partons de zéro, il faut comprendre le processus de compilation pour
savoir ce qui doit être fait, dans quel ordre, pour créer un exécutable. Nous
allons voir comment un programme en C se compile et les options qui permettent à
gcc de faire ce qu'on attend de lui.
Les différentes étapes (et les outils qui vont avec) sont
Précompilation (gcc -E), Compilation (gcc), Assemblage (as), et Lien (ld).
Tout d'abord, la première chose à savoir c'est comment invoquer le compilateur. C'est en fait, très simple. Nous allons commencer par le classique premier programme en C. (Les vieux routiers devront me pardonner).
#include <stdio.h> int main()
{ printf("Hello World!\n"); }
Enregistrez ce fichier sous le nom game.c
. Vous pouvez le compiler
depuis la ligne de commande en tapant :
gcc game.cPar défaut, le compilateur crée un exécutable nommé
a.out
.
Vous pouvez l'exécuter en tapant :
a.out Hello WorldChaque fois que vous compilez un programme, le nouveau
a.out
écrase le précédent. Vous ne pouvez pas dire quel est le
programme ayant créé le a.out
actuel.
Nous pouvons résoudre ce problème en disant à gcc que nous voulons nommer
l'exécutable grâce à l'option -o
.
Nous appellerons ce programme game
, même si on peut lui donner
n'importe quel nom, le C n'ayant pas les mêmes restrictions de nommage que Java.
gcc -o game game.c
game Hello World
A ce stade, nous sommes très loin d'avoir un programme utile. Si vous pensez que ça ne sert à rien, considérez plutôt le fait d'avoir un programme qui se compile et s'exécute. Au fur et à mesure que nous ajouterons des fonctionnalités à ce programme, nous devrons vérifier qu'il est toujours capable de s'exécuter. Un programmeur débutant veut souvent écrire 1000 lignes de code et résoudre tous les problèmes en même temps. Personne, je dis bien personne, n'est capable de faire ça. Vous créez un petit programme qui fonctionne, vous faites des modifications et vous l'exécutez de nouveau. Ceci limite le nombre d'erreurs à corriger d'un coup. De plus, vous savez exactement ce que vous venez de changer et qui ne fonctionne pas, vous savez donc sur quoi vous concentrer. Ceci vous empêche de créer quelque chose dont vous pensez que ça devrait fonctionner, qui est peut-être même compilable, mais qui ne deviendra jamais un exécutable. Rappelez-vous, ce n'est pas parce qu'un programme se compile qu'il est fonctionnel.
Notre prochaine étape consiste à créer un fichier entête (header) pour notre jeu. Un fichier entête permet de regrouper des types de données et des déclarations de fonctions en un seul endroit. Cela permet de garantir que les structures de données sont bien définies afin que chaque morceau du programme voit les choses exactement de la même manière.
#ifndef DECK_H #define DECK_H #define DECKSIZE 52 typedef struct deck_t { int card[DECKSIZE]; /* nombre de cartes utilisées */ int dealt; }deck_t; #endif /* DECK_H */
Enregistrez ce fichier sous le nom deck.h
. Seuls les fichiers
.c
sont compilés, nous devons donc modifier game.c. A la ligne 2
de game.c, écrivez #include "deck.h"
. A la ligne 5, écrivez
deck_tdeck;
. Pour être certain que rien n'a été altéré,
recompilons-le.
gcc -o game game.c
Pas d'erreurs, c'est parfait. S'il ne se compile pas, corrigez-le jusqu'à ce qu'il puisse.
Comment le compilateur connaît-il le type de deck_t
? Parce que
pendant la précompilation, il copie effectivement le fichier "deck.h" dans le
fichier "game.c".
Les directives de précompilation dans le code source sont préfixées par un "#".
Vous pouvez invoquer le précompilateur par le frontal gcc avec l'option
-E
.
gcc -E -o game_precompile.txt game.c wc -l game_precompile.txt 3199 game_precompile.txtPratiquement 3200 lignes ! La plupart viennent du fichier include
stdio.h
, mais si vous regardez de plus près, nos déclarations
y sont aussi. Si vous ne fournissez pas un nom de fichier de sortie par l'option
-o
, tout sera écrit sur la console. Le processus de
précompilation donne une plus grande flexibilité dans le code en accomplissant
trois tâches essentielles.
-E
toute
seule, mais vous lui laissez envoyer sa sortie au compilateur.
Comme étape intermédiaire, gcc traduit votre code en langage Assembleur. Pour ce faire, il doit comprendre le but que vous cherchez à atteindre en analysant votre code. Si vous avez fait une erreur de syntaxe, il vous avertira et la compilation échouera. Parfois, les utilisateurs confondent cette étape avec le processus complet. Pourtant, gcc a encore beaucoup de travail à accomplir.
as
transforme le code Assembleur en code objet.
Le code objet ne peut pas encore fonctionner avec le processeur, mais il n'en
est pas loin. L'option -c
du compilateur convertit un fichier .c en
un fichier objet avec une extension .o.
Si nous tapons
gcc -c game.cnous créons automatiquement un fichier nommé game.o. Nous mettons ici le doigt sur un point important. Nous pouvons prendre n'importe quel fichier .c et le transformer en fichier objet. Comme nous le verrons ci-dessous, nous pouvons alors combiner plusieurs fichiers objet dans un même exécutable pendant la phase de lien. Continuons avec notre exemple. Puisque nous programmons un jeu de cartes et que nous l'avons défini en tant que
deck_t
, nous allons écrire une fonction pour battre les
cartes. Cette fonction génère un pointeur sur un type de jeu et lui donne un
ensemble de valeurs aléatoires pour les différentes cartes. Le tableau "drawn"
permet de mémoriser les cartes déjà utilisées. Ce tableau des membres de
DECKSIZE empêche de donner plusieurs fois la même valeur à une carte.
#include <stdlib.h> #include <stdio.h> #include <time.h> #include "deck.h" static time_t seed = 0; void shuffle(deck_t *pdeck) { /* Mémorise les nombres utilisés */ int drawn[DECKSIZE] = {0}; int i; /* Initialisation aléatoire unique */ if(0 == seed) { seed = time(NULL); srand(seed); } for(i = 0; i < DECKSIZE; i++) { int value = -1; do { value = rand() % DECKSIZE; } while(drawn[value] != 0); /* marque la valeur comme déjà utilisée */ drawn[value] = 1; /* pour débogage */ printf("%i\n", value); pdeck->card[i] = value; } pdeck->dealt = 0; return; }
Enregistrez ce fichier sous le nom shuffle.c
.
Nous avons ajouté du code de débogage, ainsi, lorsque le programme s'exécute, il
écrit les numéros de cartes qu'il génère. Ca n'ajoute rien aux fonctionnalités
de notre programme, mais il est essentiel à ce stade de voir ce qui se passe.
Comme nous n'en sommes qu'au début de notre jeu, nous n'avons pas d'autre moyen
de vérifier que notre fonction effectue bien ce que nous en attendons. Grâce à
printf, nous voyons exactement ce qui se produit, ainsi, quand nous passerons à
la phase suivante nous saurons que le jeu est correctement battu. Maintenant que
nous savons que le fonctionnement est correct, nous pouvons retirer cette ligne de
notre code. Cette technique de débogage peut sembler rudimentaire, mais elle
fait ce que l'on en attend tout en restant minimaliste. Nous aborderons un débogage
plus sophistiqué un peu plus loin.
shuffle.c
n'a pas de fonction 'main' et par
conséquent il ne peut devenir un exécutable autonome. Nous devons le combiner à
un autre programme ayant un 'main' et appeler la fonction 'shuffle'.
Tapez la commande
gcc -c shuffle.cet vérifiez qu'elle crée bien un nouveau fichier nommé
shuffle.o
.
Editez le fichier game.c, et à la ligne 7, après la déclaration de la variable
deck_t deck
, ajoutez la ligne
shuffle(&deck);Maintenant, si nous essayons de créer un exécutable comme précédemment, nous obtenons une erreur
gcc -o game game.c /tmp/ccmiHnJX.o: In function `main': /tmp/ccmiHnJX.o(.text+0xf): undefined reference to `shuffle' collect2: ld returned 1 exit statusLa compilation a réussi parce que notre syntaxe était correcte. L'étape de lien a échoué parce que nous n'avons pas fourni au compilateur la position de la fonction 'shuffle'. Qu'est-ce que le lien et comment dire au compilateur où trouver cette fonction ?
Le "lieur" (linker), ld
, prend le code objet précédemment créé par
as
et le transforme en exécutable par la commande
gcc -o game game.o shuffle.oCeci combine les deux objets et crée l'exécutable
game
.
Le lieur trouve la fonction shuffle
dans l'objet shuffle.o
et l'intègre à l'exécutable. La grande "beauté" des fichiers objet vient du fait
que si nous souhaitons réutiliser cette fonction, nous devons seulement inclure
le fichier "deck.h" et lier le fichier objet shuffle.o
dans le
nouvel exécutable.
La réutilisation de code est presque systématique. Ainsi, nous n'avons pas eu à
écrire la fonction printf
appelée ci-dessus dans un but de
débogage, le lieur a trouvé sa définition dans le fichier inclus par
#include <stdlib.h>
et l'a lié au code objet stocké dans la
bibliothèque C (/lib/libc.so.6).
Ainsi, nous pouvons utiliser les fonctions d'autres programmeurs dont nous
savons qu'elles "travaillent" correctement, et nous concentrer sur la résolution
de nos propres problèmes.
C'est pourquoi les fichiers "headers" ne contiennent normalement que les données et les
définitions des fonctions et non les corps des fonctions. Habituellement vous
créez des fichiers objet ou des bibliothèques pour que le lieur les intègre dans
l'exécutable. Nous pourrions avoir un problème avec notre code parce que nous
n'avons mis aucune définition de fonction dans notre fichier entête. Que
pouvons-nous faire pour être sûr que tout se passe bien ?
L'option -Wall
active tous les avertissements disponibles sur la syntaxe du
langage pour nous aider à vérifier que notre code est correct et aussi portable
que possible.
Lorsque nous utilisons cette option et compilons notre code, nous voyons des
choses du style :
game.c:9: warning: implicit declaration of function `shuffle'Ceci nous informe que nous avons encore un peu de travail à accomplir. Nous devons ajouter une ligne dans un fichier entête dans lequel nous informons le compilateur sur notre fonction
shuffle
de manière à ce qu'il puisse
vérifier ce qu'il doit. Ca semble vouloir "couper les cheveux en quatre" (dans
le sens de la longueur !), mais en réalité, cela sépare la définition de
l'implémentation et permet d'utiliser notre fonction n'importe où simplement en
incluant notre nouveau "header" et en le liant à notre code objet.
Ajoutons cette simple ligne dans le fichier deck.h.
void shuffle(deck_t *pdeck);Voilà qui supprime notre message d'alerte.
Une autre option de compilation répandue est l'optimisation
-O#
(i.e. -O2).
Elle indique au compilateur le degré d'optimisation souhaité. Le compilateur
possède une pleine escarcelle de trucs permettant de rendre votre code plus
rapide. Pour un petit programme comme le notre, vous ne verrez pas grande
différence, mais pour des programmes plus gros, l'accélération peut être
significative. Vous verrez ça partout, il est donc préférable de savoir de quoi il
s'agit.
Comme nous le savons, le fait que notre code se compile ne signifie pas qu'il fonctionne comme nous le souhaitons. Vous pouvez vérifier que tous les nombres sont utilisés une seule fois en tapant
game | sort - n | lesset en contrôlant que rien ne manque. Que faire si un problème apparaît ? Comment regarder sous le capot et trouver l'erreur ? Vous pouvez contrôler votre code grâce à un débogueur. La plupart des distributions proposent le classique gdb. Si les options de la ligne de commande ne vous passionnent pas, comme c'est le cas pour moi, KDE propose un frontal très agréable avec KDbg. Il en existe d'autres et ils sont très semblables. Pour commencer le débogage, sélectionnez File->Executable et chercher votre programme
game
.
Lorsque vous pressez F5 ou sélectionnez
Execution->Run dans le menu, vous devriez visualiser la sortie dans une
fenêtre.
Que se passe-t-il ? Vous ne voyez rien dans la fenêtre. Pas de panique, KDbg
n'est pas en cause. Le problème vient du fait que nous n'avons mis aucune
information de débogage dans l'exécutable, donc KDbg ne peut pas nous dire ce
qui se passe en interne. L'option -g
du compilateur intègre les
informations requises dans les fichiers objet. Vous devez compiler les fichiers
objet (extension .o) avec cette option; la commande devient alors :
gcc -g -c shuffle.c game.c gcc -g -o game game.o shuffle.oCeci insére des repères dans l'exécutable, permettant ainsi à gdb ou KDbg de découvrir ce qui se produit. Le débogage est une technique importante, qui vaut la peine de lui consacrer du temps pour la maîtriser. La manière dont les débogueurs aident les programmeurs vient de la faculté de définir un 'point d'arrêt' dans le code source. Essayez d'en définir un maintenant en cliquant avec le bouton droit sur la ligne contenant l'appel à la fonction
shuffle
. Un petit cercle rouge devrait apparaître après la
ligne. Maintenant, lorsque vous pressez F5, le programme arrête son exécution à
cette ligne. Pressez F8 pour entrer dans la fonction shuffle. Eh oui,
nous sommes bien dans le code de shuffle.c
!
Nous pouvons contrôler l'exécution pas à pas et voir ce qui se passe réellement.
Si vous laissez la flèche flotter au-dessus d'une variable locale, vous verrez
ce qu'elle contient. Chouette. C'est quand même mieux que les
printf
, non ?
Cet article a proposé une visite éclair de la compilation et du débogage de
programmes C. Nous avons abordé les étapes suivies par le compilateur et les
options à passer à gcc pour qu'il fonctionne conformément à notre attente. Nous
avons survolé la phase de lien avec les bibliothèques partagées et nous avons
terminé par une introduction sur les débogueurs. Savoir ce que vous faites
représente un gros travail, mais j'espère que ceci vous aura aidé à démarrer du
bon pied. Vous trouverez plus ample information dans les pages
man
et info
pour gcc
,
as
et ld
.
Ecrire du code est ce qui vous instruira le plus. Pour pratiquer, vous pourriez utiliser les simples bases du jeu de cartes de cet article et écrire un jeu de blackjack. Prenez le temps d'apprendre comment utiliser un débogueur. Il est plus facile de commencer avec un outil possédant une interface graphique comme KDbg. Si vous ajoutez seulement peu de fonctionnalités à la fois, vous aboutirez sans même vous en rendre compte. Rappelez-vous, votre application doit toujours être capable de s'exécuter !
Voici quelques petites choses dont vous pourriez avoir besoin pour créer un jeu entier.
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2002-10-04, generated by lfparser version 2.31